Le maître au coin de la rue
- Nicola Arnese
- 23 avr.
- 2 min de lecture

Ça m’est arrivé comme ça.
Un de ces jours où l’on sort sans vraiment savoir pourquoi. On marche, lentement — ou peut-être trop vite — avec les bruits du quartier en fond sonore, et on finit par emprunter une rue différente, sans l’avoir décidé. On y arrive, simplement.
J’étais à Naples.
À l’angle d’un bâtiment un peu délabré, il y avait une fresque. Des couleurs vives, un peu fanées, mais la phrase restait parfaitement lisible :
« Quiconque ou quoi que ce soit se trouve devant toi est ton maître. »
Je me suis arrêté. Ce n’était pas prévu, j’avais autre chose en tête. Mais cette fresque, à ce moment précis, semblait en savoir plus sur moi que ce que j’étais prêt à reconnaître.
Je ne sais pas si ça t’est déjà arrivé.
Un instant tu penses à une réunion, à une facture, à une dispute encore fraîche. L’instant d’après, tu te retrouves face à un mur, à lire une phrase tellement simple, tellement directe, qu’elle te déshabille. Elle te prend doucement par la main et te dit : « Regarde mieux. »
Alors tu regardes.
Une dame qui promène son chien et sourit, même si le chien tire sur la laisse.
Un jeune à vélo qui s’arrête calmement pour laisser passer les piétons.
Un bus qui passe, et à l’intérieur, une mère qui réajuste le tablier de son enfant avec une tendresse exemplaire.
Et tu réalises que peut-être, aujourd’hui, ton maître n’a ni titre, ni micro, ni livre à son nom.
Il passe simplement à côté de toi, vivant sa vie. Et si tu sais l’observer, il t’apprend quelque chose.
La vérité, c’est que les vrais maîtres sont partout. Ils font juste peu de bruit.
Tu les croises aux mauvais moments — quand tu n’as pas le temps, pas l’énergie, pas l’ouverture. Mais si tu t’arrêtes, ne serait-ce qu’un instant, tu les reconnais.
Ce sont ces petits instants qui te bouleversent, t’émouvrent, te ralentissent.
Comme cette fresque. Elle n’était pas là pour moi.
Et pourtant, elle me parlait. À moi, précisément.
J’aimerais faire ça plus souvent. J’oublie. Mais quand je peux, je m’arrête et j’observe.
Ce ne sont pas toujours de grandes révélations. Parfois, c’est juste la circulation. Ou un pigeon. Mais parfois non. Parfois, il ne faut presque rien pour apprendre quelque chose.
Un geste, une phrase, une image.
Et tu te souviens que le monde te parle, même quand tu n’as rien demandé.
Changer de rue, c’est parfois tout ce qu’il faut pour changer de regard. En ralentissant, on laisse de la place à ces maîtres discrets qui nous entourent.
Découvre comment le coaching peut t’accompagner, et accède éventuellement à un cycle pro bono avec moi. Nicola Arnese propose ces sessions pendant ses temps libres afin de ne pas créer de conflit avec ses engagements professionnels. Une certaine flexibilité peut être nécessaire pour la planification.